Routes départementales, toute une histoire

Quand on lève la tête sur un Pas-de-Calais qui prend de la hauteur, on voit des églises (101 mètres pour la basilique de Boulogne-sur-Mer), des beffrois (76 mètres pour celui d’Arras, 75 pour celui Calais), des phares… On voit aussi le Mémorial de Vimy (110 mètres), la colonne Napoléon à Wimille (haute de 54 mètres), des tours anciennes (Mont Saint-Éloi, 44 mètres) et des tours modernes (Verlaine à Arras, 63 mètres), des "buildings" (40 mètres, quai Gambetta à Boulogne-sur-Mer). On voit encore des éoliennes, les géants que sont les émetteurs de Bouvigny-Boyeffles (307 mètres) et du Mont-Lambert (Boulogne-sur-Mer, 108 mètres). On voit enfin des châteaux d’eau (le multicolore de Douvrin, le tout nouveau tout beau de Bully-les-Mines)… et une espèce de grand bilboquet en béton à Vaudringhem ! En empruntant la route départementale 131, on ne peut pas louper le radôme.

RD 131RD 131
CD62/Y.Cadart

On prend la route départementale 131 à Lumbres près de la carrière, direction le sud-ouest. On traverse Saint-Pierre et après dix petits kilomètres on laisse Vaudringhem sur la droite pour découvrir le très curieux "radar de Boulogne" comme l’appelle la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Une petite balade à pied autour de cette "tour" s’impose. Le "radar de Boulogne" a été construit entre 1990 et 1991 et mis en service le 9 mars 1992.

"Le radôme sert à la détection des aéronefs circulant dans l’espace aérien dans un rayon de 200 Nm (Nautic Miles), soit environ 370 km, autour de la station. Il est en rotation permanente à une vitesse de 8 secondes par tour. L’antenne radar est installée au sommet du bâtiment, à 228 mètres d’altitude sous le radôme qui se situe à 198 mètres" explique la DGAC. Ce radar est dit "en route", car il permet la détection des aéronefs en transit, "à distinguer des radars d’approche situés sur ou à proximité immédiate des plateformes aéroportuaires et qui eux permettent de détecter les aéronefs dans leurs phases de décollage ou d’atterrissage" précise la DGAC. Le radar de Boulogne, entièrement automatisé, est essentiel au bon fonctionnement d’un certain nombre de services du contrôle aérien français dont notamment les centres de contrôle en route de Reims et d’Athis-Mons, mais également de l’approche de l’aéroport de Lille. Il est aussi utilisé par les Belges. Le centre de contrôle en route de Reims est responsable de la sécurité des vols commerciaux dans l’espace aérien qui va de Genève à Boulogne et jusqu’aux frontières Nord et Est. On parle là (avant Covid) de 2 500 vols par jour et plus de 890 000 vols an.

Le principe d’un radar est d’envoyer en permanence des salves de signal haute fréquence dans la direction où est située l’antenne à un "instant t" et de détecter en retour une réponse de chaque aéronef situé dans l’espace de détection. La technologie du radar de Boulogne permet de compléter les informations reçues avec des données transmises par un avion car chaque aéronef embarque des transpondeurs qui lorsqu’ils détectent le signal d’interrogation émis par le radar, vont y répondre en renvoyant l’indicatif du vol correspondant ainsi que le niveau de vol (altitude en pieds) auquel se trouve l’avion. De cette façon un radar permet de déterminer l’azimut, la distance, l’altitude et la vitesse par calcul entre 2 positions successives, ainsi que l’indicatif de chaque avion situé dans l’espace aérien et de suivre sa trajectoire durant tout son transit dans l’espace couvert par le radar.

Le radar de Boulogne ne contrôle évidemment pas la circulation des 527 habitants de Vaudringhem, un "village noyau" relié à un écart (Floyecques) et à deux hameaux (Maisnil-Boutry et Drionville) dus à la Chaussée Brunehaut. "Sa situation en bord de route a fait que son habitat ancien s’est renouvelé en brique à partir de la fin du 19ième siècle" décrit le Comité d’histoire du Haut-Pays dans un inventaire du patrimoine local de 2015. "Des fermes à grands volumes de dépendances et aux logis imposants côtoient quelques maisons bourgeoises. Floyecques a conservé une borne kilométrique du 19ième siècle." 

Retour sur la RD 131 qui avale tous les monts. Elle continue tout droit au croisement avec la rectiligne chaussée Brunehaut (RD 341), longe le bois de Thiembronne avant de se faire happer à Happe et d’atteindre Campagne-lès-Boulonnais puis Bourthes. À Fauchelles, hameau de Zoteux, la 131 "se jette" dans la RD 343, l’ancienne route nationale reliant Saint-Pol-sur-Ternoise à Desvres. Il faut rouler tranquillement sur la 131 et apprécier le paysage très vallonné… pendant que le radar de Boulogne veille à ce que tout se passe bien au-dessus de nos têtes.

Article écrit par Christian Defrance pour l'Écho du Pas-de-Calais 207 d'avril 2021.

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